Céline Arétin, responsable des sujets culturels, féminins et relatifs à l'écologie, 2 mai 2025
Né à Odense vers 1084, Charles, unique fils du roi danois Knut IV assassiné en 1086, passe son enfance à la cour de Robert II de Flandre, oncle maternel qui accueille la reine veuve Adèle. Page, puis chevalier, il accompagne en 1108 le comte Baudouin VII à Jérusalem. À la mort de Baudouin, les barons flamands le choisissent comme comte, choix confirmé à Arras en avril 1119. Dès son arrivée au pouvoir, il impose une gouvernance tournée vers les plus pauvres, abolissant les péages sur le commerce du blé et ouvrant les greniers comtaux durant la disette de 1125. Sa politique heurte l’oligarchie urbaine, notamment la famille Erembald, riche clan de ministériaux qui contrôle le chapitre de Bruges. Charles fait arrêter plusieurs d’entre eux pour fraude, lance une enquête sur la spéculation céréalière et ordonne la restitution des profits indus. À l’aube du 2 mars 1127, alors qu’il récite les matines dans l’église Saint‑Donatien de Bruges, des conjurés emmenés par Bertulf Fitz‑Erembald et Guillaume de Ypres ferment les portes, approchent le chœur, et percent le comte de leurs épées. Selon Galbert de Bruges, Charles meurt prosterné, mains jointes, tandis que ses meurtriers l’accusent de tyrannie fiscale. Aussitôt, une grève générale éclate, et l’on répète qu’il est mort “pro iustitia et pauperibus”, c’est‑à‑dire “pour la justice et pour les pauvres”. L’indignation politique attire le roi Louis VI qui, le 22 mars, ordonne le siège de Bruges ; les assassins sont jugés et pendus, le pouvoir comtal passe finalement à Thierry d’Alsace.
Le premier miracle fut relaté dès la nuit du 3 mars 1127, lorsqu'un mendiant aveugle, Jean d’Ardenne, toucha le sang coagulé de Charles, recueilli dans un linge près de sa tombe, et recouvra immédiatement la vue. Vers 1133, le chevalier Fleury de Dixmude raconta qu’il avait juré mensongèrement sur la sépulture ; au sortir de la crypte, il perdit subitement l’usage de la parole, qu’il ne retrouva qu’après confession publique. Durant la famine de 1147, une chronique de l’abbaye de Saint‑Winoc rapporta que les neuf sacs de froment offerts au sanctuaire se renouvelaient mystérieusement chaque aube pendant douze jours, nourrissant près de trois mille personnes. Au XVe siècle, une fillette nommée Marguerite fut guérie d’une ostéite du tibia après qu’on lui eut appliqué une parcelle d’os du saint, événement authentifié par acte notarié conservé aux Archives de Bruges.