Céline Arétin, responsable des sujets culturels, féminins et relatifs à l'écologie, 8 mai 2025
Saint Désiré (Desideratus) naquit en mars 512 à Sancy près de Soissons, au sein d’une famille franque déjà réputée pour sa charité. Il devint très tôt juriste puis fut nommé cancellarius — gardien du sceau royal — auprès des rois mérovingiens Clotaire Ier et Childebert Ier. En 538 il succéda à l’archevêque Arcade et occupa le siège métropolitain de Bourges jusqu’à sa mort le 8 mai 550. Durant cet épiscopat de douze ans, il convoqua un synode provincial, assista au Ve concile d’Orléans (549) puis au IIe concile de Clermont où il fit confirmer la condamnation des doctrines nestoriennes et eutychiennes. Diplomate, il rétablit la paix entre l’Anjou et le Poitou, puis fut sollicité jusque dans la vallée du Rhin pour pacifier les tribus alamanes. Protecteur vigoureux des clercs, il réorganisa la formation du clergé bituricien et fit édifier des églises à Vierzon, Issoudun et Saint-Désiré.
Dès la fin du VIe siècle, un Liber miraculorum rédigé à la cathédrale de Bourges mentionne des guérisons d’hydropisie, la restitution de la vue à un aveugle de Châteauroux et la protection d’une moisson menacée par la grêle. Le saint est surtout invoqué pour la pluie : des rogations « à Saint‑Désiré » figurent dans les livres paroissiaux d’Issoudun (XIIIe s.). Enfin, le site diocésain de Bourges souligne « de nombreux miracles » qui continuèrent après sa mort, notamment des guérisons “lampadaires” où l’huile des lampes brûlant devant son autel appliquée sur les malades provoquait la rémission des fièvres.
Saint Désiré fait partie des canonisations « pré‑congrégation », son culte ayant été reconnu par l’usage dès le VIe siècle puis confirmé par son insertion au Martyrologe romain, entrée « Bituriges, Saint Désiré, évêque, mort 550 ». Le saint est patron des tisserands de Liège, titre attesté par les confréries textiles dès le XIIe siècle. Plus récemment, la Congrégation des Sœurs du Divin Rédempteur (Strasbourg) a placé sous son patronage leurs œuvres missionnaires, rappelant l’invocation « contre la sécheresse » inscrite dans leur ordo de 1893. La diffusion de son culte se lit dans la toponymie : neuf églises françaises (Lons‑le‑Saunier, Leyrat, Pérassay, Byans‑sur‑Doubs, Champagné, etc.) et une canadienne (Thetford Mines) portent son nom. Le 8 mai 2003, le diocèse de Bourges a publié un décret liturgique autorisant la célébration de la messe propre de l’évêque dans tout le Berry, fixant les lectures à Ac 20, 17‑35 et Mt 25, 31‑40.