Céline Arétin, responsable des sujets culturels, féminins et relatifs à l'écologie, 19 avril 2025
Saint Expédit était un centurion romain stationné à Mélitène, en Arménie Mineure (actuelle Malatya, Turquie), au début du IVe siècle. En 303, lors des persécutions contre les chrétiens sous l'empereur Dioclétien, Expédit se convertit au christianisme. Selon la légende, le jour de sa conversion, le diable, sous forme de corbeau, lui suggéra de reporter sa décision au lendemain en criant 'Cras' ('demain'), mais Expédit écrasa l'oiseau en affirmant 'Hodie' ('aujourd'hui'). Cette décision le conduit à être arrêté et décapité le 19 avril 303, en compagnie de cinq autres soldats convertis : Hermogène, Caius, Aristonique, Rufus et Galatas.
Le nom 'Expédit' provient du latin 'expeditus', désignant un soldat léger, prêt à l'assaut. Il est le saint patron des causes urgentes, des étudiants, des militaires et des voyageurs, invoqué pour sa rapidité d'intervention.
Saint Expédit est mentionné dans le Martyrologium Hieronymianum, un ancien répertoire de martyrs chrétiens. Toutefois, il ne figure pas dans le martyrologe romain actuel, signe qu’il n’est pas officiellement reconnu comme saint par l’Église catholique. En 1905, sous le pontificat de Pie X, son nom fut retiré du martyrologe romain, en raison des doutes quant à son existence historique. Le culte de Saint Expédit est particulièrement répandu à La Réunion et en Amérique du Sud, notamment au Brésil et au Chili, où il est invoqué pour des causes urgentes.
Dans la littérature réunionnaise, Saint Expédit apparaît dans les textes de Jean Albany, notamment dans Zamal (1971), où il incarne une figure protectrice des marginaux. Axel Gauvin évoque également son culte dans Quartier Trois Lettres (1991), en tant que symbole d’espoir et d’intervention rapide face aux détresses du quotidien. En art contemporain, l’artiste Jack Beng-Thi lui rend hommage dans son œuvre Les Pèlerins de la Ravine (2004), une installation exposée au Musée Léon-Dierx à Saint-Denis de La Réunion. À Blois, une statue en plâtre polychrome le montre écrasant un corbeau, allégorie du report, avec la devise « Hodie ». D’autres statues similaires se trouvent à Clermont-Ferrand, Vichy, Paris, Bordeaux et Perpignan, souvent entourées d’ex-voto exprimant la gratitude des fidèles pour des interventions perçues comme miraculeuses.