Céline Arétin, responsable des sujets culturels, féminins et relatifs à l'écologie, 14 mai 2025
Né au Ier siècle en Judée, Matthias, dont le nom hébreu Mattityahou signifie « don de Dieu », fut, d’après les Actes des Apôtres 1 : 21-26, élu par tirage au sort pour remplacer Judas Iscariote parmi les Douze après l’Ascension du Christ. Les apôtres présélectionnèrent « Joseph Barsabbas Juste » et Matthias, prièrent puis tirèrent les lots ; le sort tomba sur Matthias, ce qui fait de lui le seul apôtre nommé sans intervention directe de Jésus. Les Pères affirment qu’il avait déjà suivi Jésus dès son baptême au Jourdain et figurait parmi les soixante-douze disciples envoyés en mission (Lc 10). Après son investiture, plusieurs sources antiques, dont Nicéphore et la Synopsis de Dorothée, décrivirent un ministère itinérant : il prêcha d’abord en Judée, puis en Cappadoce, sur les côtes de la mer Caspienne, et jusqu’aux tribus dites « anthropophages » de la Colchide, dans l’actuelle Géorgie. L’Acte copte d’André et Matthias évoque aussi un séjour en « Éthiopie » (région caucasienne ainsi nommée alors) où il fut délivré de prison par l’apôtre André. Selon une tradition rapportée par Tillemont et le Martyrologe romain, il fut d’abord lapidé puis décapité à Jérusalem vers l’an 80.
Dans l’Acte d’André et Matthias, il fut capturé par une tribu cannibale ; ligoté, il pria, et Dieu aveugla ses geôliers, ce qui permit à André de le libérer. Ensuite, tous recouvrèrent la vue et reçurent le baptême, ce qui entraîna la conversion de la communauté entière. De plus, la Légende dorée lui attribua la guérison d’aveugles, la restauration d’infirmes et même la résurrection de morts.
Matthias appartient aux « saints pré-congrégation », vénérés de manière ininterrompue depuis l’Antiquité sans canonisation formelle. Il figure au Martyrologe romain, aux synaxaires byzantins et au Calendar of Saints anglican. La réforme du calendrier de 1969, voulue par saint Paul VI, transféra officiellement sa mémoire au 14 mai pour la rapprocher de l’élection juste avant l’Ascension. Dans l’orthodoxie, un synode constantinopolitain du IVᵉ siècle confirma sa commémoration au 9 août, tandis que l’Église arménienne le fête le 30 août, conjointement avec saint André.