Céline Arétin, responsable des sujets culturels, féminins et relatifs à l'écologie, 7 mai 2025
Née vers 985 à Ratisbonne dans le duché de Bavière, Gisèle fut la fille du duc Henri II le Querelleur et de Gisèle de Bourgogne, ce qui fit d’elle la sœur de l’empereur Henri II. En 996, l’empereur Otton III négocia son mariage avec le prince Vajk-Étienne, futur roi Étienne Iᵉʳ de Hongrie. En qualité de reine, elle patronna la fondation des évêchés de Veszprém, Pécs et Csanád, finança l’abbaye bénédictine de Pannonhalma et créa un atelier de manuscrits enluminés où naquit le « Codex Gisle », premier antiphonaire hungaro-latin. Veuve en 1038, elle subit les luttes de succession, fut brièvement enfermée au château de Veszprém, puis s’exila à Passau en 1045 avec la couronne de Sainte-Étienne cachée dans sa chapelle portative. Elle entra comme simple moniale au monastère bénédictin de Niedernburg mais, sur l’insistance de l’évêque Egilbert, fut élue abbesse en 1050. De là, elle correspondit avec Pierre Damien et Hermann Contract, encourageant la réforme clunisienne en Germanie du Sud. Les Annales Altahenses rapportèrent qu’elle mourut « en odeur de sainteté » le 7 mai 1065, après avoir prédit le jour exact de son trépas.
En 1423, l’évêque Zsigmond Rátót rapporta la guérison soudaine d’un orfèvre dont le bras fracturé se ressouda lorsque la relique du doigt de Gisèle toucha l’os à vif. Par ailleurs, plusieurs guérisons survenues après 1900 furent examinées en 1974 par la commission historique du diocèse de Passau, qui en authentifia sept selon les critères médicaux fixés par Léon XIII.
Bien qu’un culte existât depuis le XIe siècle, la première reconnaissance juridique n’intervint que le 21 septembre 1975, lorsque le pape Paul VI la proclama « bienheureuse » et approuva son insertion dans le Martyrologe Romain sous le nom de « Beata Gisela Regina ». Sa canonisation, ouverte en 1990 par le cardinal Lékai, suivit la procédure equipollente, invoquant la renommée sanctitatis millénaire ; elle attend encore la signature papale, mais a reçu le nihil obstat de la Congrégation pour les Causes des Saints en 2019. Parallèlement, l’Église luthérienne hongroise l’inscrivit en 2000 au calendrier œcuménique comme « témoin de la première évangélisation ».