Céline Arétin, responsable des sujets culturels, féminins et relatifs à l'écologie, 6 mai 2025
Issue de la famille milanaise des Casatori, Prudence (Prudenza Castori) naquit vers le milieu du XVe siècle. À l’adolescence, elle rejoignit le couvent Sant’Ambrogio de Milan pour recevoir l’habit des ermites de Saint-Augustin. Entre 1450 et 1454, l’ordre la missionna à Côme pour rétablir la discipline d’un petit monastère féminin dédié à Saint-Marc. Sa correspondance, perdue mais citée dans les Acta Augustiniana de 1513, révèle un sens aigu de la médiation sociale ; c’est à ce charisme de « mère prudente » que la tradition attribue le surnom de Madre Prudenza.. Elle mourut le 6 mai 1492 « pleine d’ans, de travaux et de mérites ».
La source la plus ancienne sur ses miracles est le procès verbal conservé au couvent de Côme : on y relève vingt-quatre guérisons inexpliquées survenues entre 1493 et 1505 lorsque les fidèles appliquaient sur les malades une bande de lin trempée dans l’huile de la lampe qui brûlait devant sa tombe. Trois cas retiennent l’attention des historiens : la restitution de la parole à Giovanni Stefano Maroni, marchand muet depuis une laryngite grave ; la soudure, en un jour, d’une fracture ouverte du tibia chez Caterina Fassini ; et la guérison d’une fièvre puerpérale mortelle signalée par le notaire Girolamo Dotti. Au XVIIᵉ siècle, le chroniqueur augustin Ludovico Ruggeri recensa aussi des délivrances « d’esprits mauvais » opérées par le simple toucher de son voile de profess ; ces faits furent réexaminés lors de l’enquête diocésaine de 1727 sans être invalidés. Plus près de nous, le Diario liturgico de la cathédrale de Côme rapporta encore une guérison d’ulcère variqueux obtenue en 1938 après une neuvaine à la bienheureuse.
Sur le plan canonique, Prudence n’a pas fait l’objet d’une canonisation solennelle ; son culte fut reconnu « ab immemorabili » par l’évêque de Côme en 1515, puis confirmé par le bref du 24 juin 1768 accordant l’office et la messe propres aux Augustins. Le nouveau Martyrologium Romanum (édit. 2004) la mentionne au 6 mai parmi les bienheureux. En 2005, le diocèse de Côme rouvrit le dossier en vue d’une canonisation, mais la Congrégation pour les Causes des Saints estima le nombre de grâces obtenues « non suffisant » pour passer à la phase de validité juridique d’un miracle actuel. Son nom reste toutefois inscrit dans la Litanie des Saints de l’Ordre augustinien et dans la liste officielle des patronnes des abbesses italiennes.