Ingrid Nováková, spécialiste international, 20 mai 2025
Avant l’arrivée des Européens, le territoire de l’actuel Cameroun était un carrefour de cultures soudaniennes, bantoues et guinéennes. Sur la côte, les cités duala contrôlaient, depuis le XVIe siècle, le commerce fluvial du bois, de l’ivoire puis, de façon croissante, des captifs. L’expédition portugaise de 1472, qui baptisa le fleuve « Rio dos Camarões », ouvrit la voie aux trafiquants européens. Hollandais, Britanniques et Français confièrent alors l’approvisionnement en esclaves aux rois côtiers. Entre le XVIIe et le XIXe siècle, on estime qu’un million et demi de personnes furent déportées depuis le golfe du Biafra. Après l’abolition de la traite atlantique (1807–1833), les élites duala signèrent des « traités d’amitié » interdisant la vente d’êtres humains et réorientèrent l’économie vers l’huile de palme et le caoutchouc.
Le 12 juillet 1884, les chefs duala signèrent un accord plaçant le Cameroun sous contrôle allemand. L’armée allemande (Schutztruppe) réprima violemment les révoltes de plusieurs peuples, notamment les Bakossi et les Bassa. Yaoundé, initialement simple poste scientifique, devint capitale en 1909 après la construction d’une voie ferrée entre Douala et Nkongsamba. Pendant la Première Guerre mondiale, Français et Britanniques attaquèrent conjointement le Cameroun, alors colonie allemande. En 1916, les troupes allemandes furent vaincues. En 1919, la Société des Nations confia l’administration du Cameroun à la France et au Royaume-Uni.
Le 1er janvier 1960, le Cameroun devint indépendant avec Ahmadou Ahidjo comme président. Le 1er octobre 1961, la partie du Cameroun jusque-là administrée par les Britanniques (le Southern Cameroons) rejoignit le pays, formant une fédération à deux gouvernements. Le 20 mai 1972, un référendum transforma cette fédération en un État unitaire et en 1982, Paul Biya accéda à la présidence. Après une tentative de coup d’État en 1984, son pouvoir se renforça. En 1990, une nouvelle loi élargit les libertés politiques et permit à l’opposition de participer aux élections. La constitution de 1996 créa un Sénat et accorda davantage de pouvoir aux régions, mais une réforme en 2008 autorisa Biya à se représenter sans limite.