Ingrid Nováková, spécialiste international, 13 avril 2025
La fête nationale syrienne est célébrée le 17 avril, date marquant l'évacuation définitive des troupes françaises en 1946, après 26 ans de mandat colonial imposé par la Société des Nations. Cet événement, connu sous le nom de "Jour de l'Indépendance", symbolise la fin de la domination étrangère et le début de la souveraineté nationale. Le 17 avril 1946, les derniers soldats français quittent le territoire syrien, mettant un terme à un processus amorcé dès les révoltes populaires de 1925-1927, notamment la grande révolte syrienne dirigée par Sultan al-Atrash. La reconnaissance de l'indépendance par la France intervient en 1944, mais l'application concrète n'est effective qu'en 1946. Chaque année, cette date donne lieu à des célébrations officielles, des défilés militaires et des hommages rendus aux figures de la résistance. En 2023, le gouvernement syrien a organisé des festivités à Damas et Alep, malgré le contexte de guerre civile persistante, mobilisant plus de 15 000 personnes dans les manifestations officielles. Cette journée reste un repère historique majeur pour la mémoire collective syrienne.
La Syrie possède une histoire parmi les plus anciennes du monde, avec des traces de civilisation remontant au Néolithique. Des cités comme Ebla, Mari et Ougarit ont prospéré dès le IIIe millénaire av. J.-C., jouant un rôle clé dans le développement de l’écriture cunéiforme et du commerce en Mésopotamie. La région passe ensuite sous le contrôle successif des Égyptiens, des Hittites, des Assyriens, des Babyloniens et des Perses, avant d’être conquise par Alexandre le Grand au IVe siècle av. J.-C. Elle intègre ensuite l’Empire romain, puis devient un centre du christianisme oriental avec des villes comme Antioche. À partir du VIIe siècle, elle est conquise par les Arabes musulmans et intègre le califat omeyyade dont la capitale est Damas, marquant un âge d’or culturel et politique.
Après les croisades et la domination mongole, la Syrie passe sous contrôle ottoman en 1516 pour plus de quatre siècles. À la suite de la Première Guerre mondiale, elle tombe sous mandat français en 1920, malgré les aspirations indépendantistes exprimées au Congrès national syrien. L’indépendance est obtenue en 1946. Le pays connaît ensuite une série de coups d’État, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Hafez el-Assad en 1970. Son fils Bachar el-Assad lui succède en 2000. Depuis 2011, la Syrie est plongée dans une guerre civile ayant provoqué plus de 500 000 morts et plus de 13 millions de déplacés selon l’ONU. Malgré les destructions, des sites comme Palmyre, Damas et Alep restent des témoins essentiels de l’histoire millénaire de la région.
L’histoire de l’indépendance syrienne commence après la chute de l’Empire ottoman en 1918. Malgré l’établissement d’un royaume arabe dirigé par Fayçal Ier à Damas en 1920, la France impose son mandat sur la Syrie après la conférence de San Remo. Le 24 juillet 1920, les troupes françaises battent l’armée syrienne à la bataille de Maysaloun, marquant le début d’une occupation coloniale. Face à cette domination, une résistance s’organise, notamment lors de la grande révolte syrienne de 1925-1927 menée par Sultan al-Atrash. Malgré sa répression violente, ce soulèvement renforce le sentiment national et pousse la France à concéder une autonomie partielle. En 1936, un traité franco-syrien est signé, promettant l’indépendance, mais il n’est jamais ratifié par le Parlement français.
La Seconde Guerre mondiale relance le processus : après l’invasion de la Syrie par les Forces françaises libres et britanniques en 1941, le général Catroux proclame l’indépendance de la Syrie, mais la présence militaire française se maintient. Le 27 septembre 1941, la Syrie est officiellement reconnue comme État indépendant, mais elle n’obtient son siège à l’ONU qu’en 1945. Les tensions atteignent leur paroxysme en mai 1945 lorsque les forces françaises bombardent Damas, provoquant de nombreuses victimes et une condamnation internationale. Sous pression britannique et internationale, les troupes françaises quittent définitivement le pays le 17 avril 1946. Cette date marque l’indépendance réelle de la Syrie, après 26 ans de lutte politique, diplomatique et militaire contre le mandat français.
Après l’indépendance acquise en 1946, la Syrie entre dans une période d’instabilité politique marquée par une série de coups d’État militaires. Entre 1949 et 1954, le pays subit pas moins de trois putschs, dont celui du colonel Adib Chichakli qui instaure un régime autoritaire. L’incapacité des institutions civiles à s’imposer durablement favorise l’intervention récurrente de l’armée dans la vie politique. Cette instabilité compromet le développement économique : en 1950, le taux d’analphabétisme dépasse 70 % et l’économie reste dominée par une agriculture archaïque. La tentative d’union avec l’Égypte sous la République arabe unie (1958-1961) se solde par un échec, révélant les divergences profondes entre les deux pays.
Dans les années 1960, le parti Baas prend le pouvoir à la suite d’un coup d’État en 1963, promettant des réformes socialistes et la modernisation du pays. Toutefois, les nationalisations brutales et la répression des opposants creusent les divisions internes. En 1970, Hafez el-Assad accède au pouvoir et instaure un régime présidentiel autoritaire reposant sur les services de sécurité et le contrôle du parti unique. Malgré certains progrès dans les infrastructures et l’éducation – le taux de scolarisation primaire atteignant 85 % en 1985 – la Syrie reste confrontée à des blocages économiques, à une croissance faible et à une marginalisation sur la scène internationale, accentuée par des tensions avec Israël et une dépendance croissante vis-à-vis de l’Union soviétique.