Edward Johnson, expert hi-tech et ingénerie, 12 mars 2025
La Journée mondiale contre la censure sur Internet, créée le 12 mars 2008 par Reporters sans frontières (RSF), dénonce les restrictions imposées par certains gouvernements et soutient un Internet libre.
Les réseaux privés virtuels (VPN) chiffrent le trafic Internet et masquent l’adresse IP des utilisateurs, ce qui permet aux Chinois d’accéder à Google et Facebook malgré le "Grand Firewall". Tor (The Onion Router) anonymise la navigation en faisant passer les connexions par plusieurs nœuds cryptés, tandis que les proxies web, plus simples mais moins sécurisés, permettent d’accéder à des sites interdits en redirigeant le trafic via des serveurs situés dans des pays non censurés. Les services de DNS alternatifs, comme ceux de Cloudflare (1.1.1.1) ou Google (8.8.8.8), permettent de contourner le filtrage DNS employé en Turquie et en Iran. Les applications de messagerie chiffrée comme Signal et Briar sont utilisées par les militants en Iran et en Biélorussie pour organiser des manifestations sans risque d’interception. Les sites miroirs, copies exactes d’un site hébergées sur d’autres serveurs, sont régulièrement mis en place par Reporters sans frontières pour maintenir l’accès à des médias bloqués comme Meduza en Russie. Enfin, des outils de steganographie comme "Snowflake" dissimulent les connexions censurées dans du trafic légitime, permettant aux internautes de contourner les restrictions sans éveiller les soupçons.
Le filtrage DNS est couramment employé en Chine pour empêcher l’accès à des sites comme Google et Facebook en redirigeant les requêtes vers des pages vides ou contrôlées par l’État. L’inspection approfondie des paquets (DPI) permet aux autorités russes et iraniennes d’analyser le trafic Internet en temps réel et de bloquer des contenus spécifiques, comme Telegram en Iran en 2018. Le "throttling", ou ralentissement volontaire du débit, a été utilisé au Soudan et en Ouganda lors d’élections pour empêcher la diffusion d’informations critiques. Les pare-feu nationaux, comme le "Grand Firewall" chinois, combinent plusieurs techniques, incluant le blocage d’adresses IP et la censure de mots-clés sur les moteurs de recherche locaux comme Baidu. En Turquie et en Égypte, les autorités bloquent l’accès aux VPN et à Tor, tandis qu’en Corée du Nord, un intranet national appelé "Kwangmyong" remplace Internet et ne donne accès qu’à des ressources approuvées par le régime. Enfin, des cyberattaques par déni de service (DDoS) sont souvent utilisées par des États comme la Russie et la Chine pour faire tomber des sites d’opposition et des médias indépendants.
En Chine, le "Grand Firewall" est présenté comme un moyen de préserver la stabilité sociale, justifiant ainsi le blocage de Google, Facebook, YouTube, Wikipedia et WhatsApp. En Russie, la censure des réseaux sociaux comme Twitter a été renforcée en 2022 sous prétexte de combattre les "fausses informations" sur l’invasion de l’Ukraine, ce qui a conduit au bannissement de la BBC et de Meduza. En Iran, les autorités prétendent protéger la morale islamique en interdisant des plateformes comme Telegram, largement utilisées pour organiser des manifestations contre le régime. En Inde, les autorités coupent régulièrement Internet au Cachemire pour lutter contre les "menaces terroristes", tandis qu’en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, de nombreux sites sont bloqués sous prétexte de "protéger les traditions", interdisant ainsi les contenus sur les droits des femmes et la diversité LGBTQ+. Enfin, en Turquie, le gouvernement d'Erdogan a bloqué Twitter et YouTube à plusieurs reprises, affirmant vouloir éviter la propagation de "discours haineux" alors que ces plateformes servaient à diffuser des informations sur la corruption politique.