6 mai : Journée internationale sans régime

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Céline Arétin, responsable des sujets culturels, féminins et relatifs à l'écologie, 6 mai 2025

Que signifie vraiment « sans régime » ?

Dire « sans régime » ne veut pas dire « sans structure », mais sans prescription restrictive visant un poids cible arbitraire. Cette approche repose sur l’alimentation intuitive, l’activité physique fonctionnelle et la neutralité pondérale. L’alimentation intuitive s’appuie sur dix principes, parmi lesquels « honorer sa faim », « respecter sa satiété », « faire la paix avec la nourriture », « rejeter la mentalité des régimes » ou encore « bouger pour le plaisir ». Elle encourage à ressentir les besoins réels du corps, plutôt que de manger selon des consignes extérieures. L’activité physique fonctionnelle, quant à elle, privilégie le ressenti corporel (proprioception) et l'amélioration des capacités physiques, comme l’endurance ou la mobilité. Enfin, la neutralité pondérale consiste à considérer le poids comme une donnée parmi d'autres, au même titre que la fréquence cardiaque ou la tension artérielle, sans chercher à le modifier intentionnellement.

Dangers des régimes amaigrissants

Les régimes amaigrissants rapides induisent des effets secondaires appelés « adaptations métaboliques négatives ». Après six semaines à 800 kcal/j, le corps réduit la thermogenèse non liée à l’exercice d’environ 15 % et la leptinémie chute de moitié, provoquant faim persistante et fatigue. Les régimes très faibles en glucides (<50 g/j) exposent à une cétose prolongée : le pH sanguin baisse et favorise des calculs rénaux chez les sujets prédisposés. Sur le plan micronutritionnel, les programmes « repas substituts » provoquent souvent des carences en fer et en vitamine B₉. Psychologiquement, la restriction cognitive entraîne un effet « tout ou rien » : de nombreuses personnes rapportent des épisodes d’hyperphagie nocturne après avoir dépassé de 100 kcal leur quota journalier.

Lien entre régimes et troubles du comportement alimentaire

Les données épidémiologiques établissent une relation dose-effet entre restriction calorique et troubles du comportement alimentaire (TCA). Dans l’étude longitudinale Project EAT (4 800 adolescents suivis 10 ans), les sujets déclarant un régime au moins une fois par an ont un risque multiplié par 5 de développer une hyperphagie boulimique. Le mécanisme principal est la « privation physiologique » : la baisse chronique du glucose cérébral accroît la sécrétion de ghréline, hormone orexigène, tandis que la dopamine diminue, entraînant une recherche compulsive de nourriture. Cliniquement, on observe la transition classique : régime restrictif → compulsions → culpabilité → compensation. L’Organisation mondiale de la santé intègre désormais la notion de « régime sévère prolongé » comme facteur de risque officiel des TCA, au même titre que le perfectionnisme ou les abus sexuels.