Ingrid Nováková, spécialiste international, 23 mai 2025
L’archipel fut découvert accidentellement en 1505 par le navigateur espagnol Juan de Bermúdez, ce qui le plaça sur les cartes atlantiques. Toutefois, ce fut le naufrage du Sea Venture sur les récifs de Castle Harbour en 1609, qui déclencha un réel projet de colonisation anglaise. Les survivants construisirent sur place deux embarcations, le Deliverance et le Patience, et rédigèrent un règlement de vie commune fondé sur le common law. En 1612, cent colons menés par Richard Moore fondèrent la ville fortifiée de St George’s, après qu’une charte royale eut confié l’exploitation de l’archipel à la Somers Isles Company. La culture du tabac échoua en raison de la pauvreté des sols, du climat et de l’exiguïté des terres cultivables. Les Bermudiens se tournèrent alors vers la construction navale et la navigation.
Entre 1700 et 1900, les chantiers navals de l’archipel lancèrent plus d’un millier de sloops (voiliers à un seul mât, rapides et maniables) et de goélettes (navires à deux mâts adaptés aux longues distances), réputés pour leur carène en cèdre léger et leur voile triangulaire. En 1815, Hamilton devint la nouvelle capitale, remplaçant St George’s, et en 1890, la pose d’un câble télégraphique sous-marin relia directement l’île aux grandes lignes de communication mondiale.
Le tourisme de luxe connut un essor dès les années 1900, renforcé par l’accord « Destroyers for Bases » signé en 1940, qui permit aux États-Unis d’établir deux bases militaires : Kindley Field (future aéroport international) et Morgan’s Point. L’absence d’impôt sur le revenu attira de nombreuses compagnies d’assurance et de réassurance, faisant des Bermudes un centre financier offshore majeur. Sur le plan social, les femmes obtinrent le droit de vote en 1944, et la mobilisation de 1959 contre la ségrégation dans les lieux publics entraîna sa fin. En 1968, l’adoption d’une nouvelle Constitution établit un gouvernement autonome, bien que la défense et les relations extérieures soient restées sous contrôle britannique. Le référendum de 1995 sur l’indépendance fut largement rejeté (74 %), et depuis les années 2000, l’économie des Bermudes repose sur deux piliers : la réassurance internationale et le tourisme.