15 mai : fête nationale du Paraguay

fête nationale du Paraguay

Ingrid Nováková, spécialiste international, 15 mai 2025

Histoire avant l’indépendance du Paraguay

Avant son indépendance en 1811, le Paraguay faisait partie de l’Empire espagnol, sous l’autorité du vice-royaume du Río de la Plata, une division administrative instaurée en 1776 pour mieux contrôler les territoires sud-américains. L’exploration de la région commença en 1524 avec Alejo García, mais ce fut en 1537 que la ville d’Asunción fut fondée. Entre 1609 et 1767, les jésuites établirent des communautés appelées réductions, destinées à regrouper les populations indigènes. Ces missions, organisées par des prêtres, formaient des sociétés autonomes où les Guaranis vivaient selon un modèle collectif structuré. On y enseignait l’agriculture, la musique, la lecture et les métiers manuels, dans un cadre de conversion au christianisme. Les réductions protégeaient les indigènes des abus des colons, mais leur prospérité suscitèrent la méfiance des autorités espagnoles. En 1767, la Couronne expulsa les jésuites de l’ensemble de ses territoires.

L’indépendance du Paraguay

Au début du XIXe siècle, l’effondrement de l’autorité espagnole, provoqué par les guerres napoléoniennes et la capture du roi Ferdinand VII, déclencha une série de mouvements indépendantistes en Amérique latine. Le Paraguay, alors intégré au vice-royaume du Río de la Plata, refusa de se soumettre à la centralisation de Buenos Aires, préférant préserver son autonomie régionale. En janvier 1811, le général républicain Manuel Belgrano franchit le fleuve Paraná avec un millier d’hommes pour rallier Asunción à la révolution porteña, mais fut vaincu à Paraguarí puis à Tacuarí par la milice locale dirigée par Manuel Cabañas. Dans la nuit du 14 au 15 mai 1811, un cabildo abierto — assemblée municipale extraordinaire — prit le contrôle des casernes d’Asunción, renversa le gouverneur espagnol Bernardo de Velasco et proclama la Junta Gubernativa. En octobre 1813, un congrès national établit un consulat bicéphale inspiré de la Rome antique, mais le Dr Francia, soutenu par les petits producteurs, s’imposa comme dirigeant unique. En 1814, il fut nommé Dictador Supremo por la Ley à durée indéterminée, chargé de défendre la souveraineté nationale. Il lança une réforme agraire partielle avec les estancias de la Patria (domaines concédés aux soldats), confisqua les biens du clergé espagnol, imposa l’autarcie, assainit les finances publiques et ferma les frontières pour limiter les influences étrangères, notamment luso-brésiliennes. Tout en conservant des liens commerciaux discrets avec le Royaume-Uni, il posa les bases d’un État centralisé. À sa mort en 1840, le Paraguay disposait déjà d’une administration stable et d’un début d’industrie nationale.

Défis après l’indépendance

L’autarcie instaurée par Francia renforça la souveraineté, mais priva le pays de capitaux. Sous la dynastie López, la militarisation absorba 40 % du budget ; la Guerre de la Triple Alliance (1864-1870) décima la population et endetta lourdement l’État auprès de banques britanniques. La victoire contre la Bolivie dans la Guerre du Chaco (1932-1935) assura le contrôle du Gran Chaco et de ses gisements pétroliers, mais révéla un appareil logistique obsolète. Le Parti Colorado monopolisa ensuite le pouvoir et, après la guerre civile de 1947, installa un régime autoritaire, culminant avec la dictature d’Alfredo Stroessner (1954-1989).