Ingrid Nováková, spécialiste international, 30 avril 2025
En 1887, la France prit le contrôle du Viêt Nam et l’intégra à l’Indochine. Face à l’occupation, Ho Chi Minh fonda le Parti communiste indochinois en 1930 et organisa la ligue Việt Minh en 1941 pour préparer l’indépendance. En septembre 1945, après la capitulation du Japon et l’effondrement de son autorité en Indochine, Ho Chi Minh saisit l’occasion pour proclamer l’indépendance du Viêt Nam à Hanoï. Mais la France revint, déclenchant une guerre jusqu’à Diên Biên Phu, où le corps expéditionnaire français capitula en mai 1954. Les accords de Genève divisèrent ensuite le pays en deux, de façon provisoire. Au Nord, Ho Chi Minh lança une réforme agraire ; au Sud, Ngô Đình Diệm établit une république, soutenue par Washington. Rapidement, la guerre reprit, amplifiée par l’envoi de troupes américaines et les bombardements massifs à partir de 1965. Après l’offensive du Têt en 1968 et des années d’enlisement, les Américains acceptèrent leur retrait par les accords de Paris de 1973.
En décembre 1974, les forces nord-vietnamiennes lancèrent une première offensive à Phước Long, constatant que les Américains n'interviendraient plus. Au printemps 1975, les villes tombèrent les unes après les autres, Buôn Ma Thuột, Đà Nẵng, Huế, dans un climat de panique générale. Des milliers de réfugiés fuirent vers Saïgon, où les hélicoptères américains embarquèrent les derniers évacués depuis les toits d’immeubles. Le 30 avril 1975, le char T-54 numéro 843 franchit la grille du palais présidentiel : la guerre était finie. Dương Văn Minh, président du Sud depuis à peine deux jours, se rendit à la radio pour annoncer sa capitulation. Très vite, des centaines de milliers de soldats furent envoyés dans des camps de rééducation, parfois pour plusieurs années. L’économie sudiste fut transformée à marche forcée : une nouvelle monnaie remplaça l’ancienne et les grandes propriétés furent redistribuées aux coopératives. Le 2 juillet 1976, la République socialiste du Viêt Nam fut proclamée à Hanoï, sous un drapeau rouge frappé d’une étoile dorée.
Les premières années de la réunification furent extrêmement difficiles. La collectivisation imposée entraîna de mauvaises récoltes et des pénuries alimentaires. Entre 1977 et 1980, le pays dut importer du blé soviétique, tandis que des centaines de milliers de Vietnamiens fuyaient par la mer, devenant les célèbres « boat people ». En décembre 1978, le Viêt Nam envahit le Cambodge pour renverser les Khmers rouges, s'attirant une invasion éclair de la Chine en 1979. L’isolement international plongea l’économie dans une crise sévère, avec une inflation gigantesque. Face à cette impasse, Hanoï lança en 1986 le « Đổi Mới », une politique d’ouverture : les terres furent redistribuées aux familles, les marchés libres autorisés et les investisseurs étrangers encouragés. Rapidement, le Viêt Nam redevint exportateur de riz et ouvrit ses premiers accords commerciaux, notamment avec Cuba. Dans les années 1990, le pays normalisa ses relations diplomatiques, rejoignit l’ASEAN et signa la paix avec Washington.